Alléluia il est revenu, il est vraiment revenu!
Un dimanche soir paisible, devant la supérette d’une petite place du 12e. Je papote avec le jeune vendeur, peinard, à côté de l’obligatoire pile du “Parisien”. Entre en scène une dame, la soixantaine, trop maquillée. Pas de bonsoir, pas de “excusez-moi”. Essoufflée, elle n’a qu’une seule question qui la préoccupe:
“C’est quand l’interview de Sarkozy sur la Deux?”
Le vendeur, encore plus perplexe que moi, ne dit rien. Je ressens soudain le besoin de ne pas répondre par un simple “aucune idée” mais de saisir l’occasion pour rendre hommage à cet individu que l’on doit regarder sur toutes les couvertures affichées par les kiosques.
“Ah mais je n’ai aucune envie de le voir. De toute façon il raconte toujours la même chose.”
Ça ne fait que réveiller encore plus d’impatience en elle: “Eh ben non, justement, ce soir il va dire autre chose!”
Je reste incrédule, mais elle a des arguments chocs: “Carla a dit: C’est comme si on m’empêchait de monter sur scène.” Elle déplore le peu d’effet que ça me fait. Les yeux dans les yeux, elle me répète la citation. Est-ce je ne me rends pas compte de la force de cette phrase, de la souffrance qu’elle décrit? Je ne vois pas qui empêche N.S. selon elle (et “Carla”) de monter sur scène: Hollande? Les juges acharnés? Les résistants de la supérette du dimanche soir? Pas de temps pour approfondir cette question, elle est sur le point de partir. Il me faut une conclusion rapide, un peu facile peut-être: “Plutôt que retourner sur scène, il devrait aller en prison!”
Elle est à moitié partie déjà, me lance juste un “eh ben Hollande aussi, avec tout ce qu’il a fait récemment”.
Les supposés délits de l’actuel chef de l’État ne seront pas précisés: Elle part vite, je comprends: Son Christ ressuscité l’attend à la télé.
Un temps. Le vendeur conclut: “Je préfère boire un whisky au lieu de regarder Sarkozy … ou je ne sais pas qui.”
Rideau. Merci pour ce moment.